[DOSSIER 3/3] 100 ans de sport dans la Loire

Nés en Angleterre, les sports modernes se développent en France au sein de cercles très privés. Les disciplines équestres sont les premières à séduire l’élite ligérienne. Alors que la famille de Rochetaillée fonde à Saint-Étienne le parc de l’Etivallière, le marquis de Poncins fait aménager un hippodrome à Civens. La « bonne société » assiste aux courses en campagne tandis qu’en ville, les bourgeois se retrouvent au jockey club. Viennent ensuite les sociétés hippiques de Roanne (1880) et Saint-Galmier (1897).

Aux classes populaires, on conserve des activités anciennes : promenades, pêche, jeu de l’arc et sarbacane dans le cas de Saint-Étienne. L’introduction du jeu de boules a lieu en 1884 par l’entremise d’ouvriers lyonnais venus travailler sur la ligne de chemin de fer. La vallée du Gier l’adopte immédiatement. La fédération bouliste de la Loire compte une quinzaine de sociétés à sa création en 1901, 25 en 1908, 427 en 1934…

Les sociétés de gymnastique acquièrent à cette époque un poids considérable. Défait par l’Allemagne en 1870, l’Etat français entreprend d’affuter ses futurs conscrits. La gym devient obligatoire à l’école. D’abord encadré par les institutions républicaines, le mouvement se trouve investi par les patronages catholiques ne souhaitant pas perdre leur contrôle sur la jeunesse et la formation des esprits.

Jusqu’en 1900, la grande ville, Saint-Étienne, monopolise l’innovation sportive. On s’initie au rugby dans le cadre du lycée de garçons, à l’escrime en salles d’armes (de simples appartements privés), au tennis sur les premiers courts de l’Etivallière. Seuls les sports d’eau échappent à cette logique très urbaine. Rive-de-Gier est le théâtre de joutes sportives et festives en 1894, de même que Saint-Just-sur-Loire, Saint-Pierre-de-Bœuf ou Le Pertuiset.

Premier équipé d’une voiture dans le département, Étienne Mimard (dirigeant de Manufrance), fonde en 1901 l’Automobile club forézien dont la première épreuve a lieu le 19 juillet 1903 dans la montée du col de la République. La course de côte de Planfoy connaît son apogée une vingtaine d’années plus tard avec 50 000 spectateurs.

Un glissement s’opère dans toute la Loire du rugby vers le football dont la pratique est encouragée par les compagnies minières. Seule Firminy fait de la résistance. Roanne s’oriente vers un nouveau jeu importé des États-Unis : le basket. Ce dernier vient rapidement concurrencer la gym pour devenir LE sport des patronages et des amicales.  

Le sport féminin connaît une forte croissance, poussé localement par Ennemonde Diard, journaliste, qui fonde en 1921 le Club sportif féminin (athlétisme, cross et basket). Apparu en 1882 dans la Loire avec la première course organisée entre Saint-Étienne et Feurs par les frères Gauthier, le cyclisme n’en finit plus d’attirer et se dote d’un équipement emblématique en préfecture : le Vel’ d’hiv, ouvert en 1925 rue Denis-Papin.

Jean Gachet se distingue en boxe (les spectateurs se pressent alors à l’Eden Théâtre). Mais c’est en haltérophilie que la Loire excelle : Louis Hostin est par deux fois sacré champion olympique mi-lourd, à Los Angeles en 1932 et Berlin en 1936.

Montrond est une ville chanceuse. En 1937, elle dispose déjà d’une piscine avec plongeoir (propriété du Casino) quand la Ville de Saint-Étienne doit se contenter du bassin de Janon pour apprendre la natation. La piscine de Grouchy n’est pas achevée avant 1946.

Saint-Étienne décroche le titre de « Ville la plus sportive de France » décerné par l’Équipe.

On aménage dans le Forez un téléski à Chalmazel (très en retard sur le Pilat doté d’un remonte-pente depuis les années 30). Le nombre de clubs ligériens au comité FFS (Fédération française de ski) passe de 23 à 37 entre 1945 et 1960 et le nombre de licenciés de 1 200 à 3 200.

Premier titre national de l’ASSE. La préfecture fait du stade un haut lieu du « sport-spectacle ». La même année, Roger Rivière décroche le record du monde de l’heure en cyclisme.

Création d’un club sportif des handicapés physiques emmené par M. Naime, suivi deux années après de l’organisation des jeux européens des handicapés physiques.